Voila, l’aventure touche a sa fin. Enfin, l’aventure…l’expedition plutot. Nous en avons discute avec Jerome, l’ascension de l’Aconcagua n’est pas vraiment une aventure en soi, pour preuve la disposition du camp de base faisant plus penser a un centre de vacances en haute montagne qu’autre chose. Non, il s’agit plutot d’une performance sportive, avec des difficultes propres a la haute-montagne. Ceci dit, cela reste une experience en soi, ou j’aurai beaucoup appris sur moi, ma capacite a me surpasser et me remettre en question, a accepter l’inconfort et l’incertitude, a attendre le bon creneau pour attaquer le sommet. En plus de tout ca, notre entente avec jerome s’est bien passe, meme si parfois la difference physique me genait et si au fond nous n’avons fait qu’un sommet ensemble. Qu’importe, nous avons reussi chacun notre challenge, chacun savourant la victoire de l’autre avec autant de bonheur que si c’etait la sienne…

Alors, et maintenant ? Tout d’abord, retrouver mes petits bouts Lilou et Louis et tout ce qui constitue mon environnement. Et puis laisser mon corps se reposer et se remettre (j’ai perdu a la descente les ongles des 2 gros orteils, nos carences nutritives et le froid ont eu raison des extremitres de 2 ou 3 doigts dont la sensibilite tarde quelque peu a revenir).

Et puis, le printemps arrive a grand pas et avec lui l’envie de nouvelles ballades dans les Pyrenees. J’ai de plus une grande motivation pour me remettre serieusement a l’escalade. Et la haute-montagne alors ? Comme je le disais, c’est beaucoup de sacrifices et d’investissement et je ne suis pas sur de pouvoir donner encore autant, du moins dans l’immediat, meme si cela est follement attrayant…Je saurais me contenter encore pour un moment de nos chers “petits” 3000 !
Merci a mon pote Jerome que j'embrasse et sans qui rien ne serait arrive, bravo pour son courage et sa tenacite a aller au bout, merci et bravo a vous tous pour vos messages de sympathie, d’encouragement et de felicitations, cela nous a beaucoup touche.
Que la Force soit avec vous.

Jerome

Avant de passer a autre chose, ce qui ne va pas tarder vu tous les projets qui sont en train de murir doucement dans ma tete, je reviens sur un mois de haute montagne qui m'a beaucoup appris.

Il est dans ma nature de foncer quitte a forcer la decision lorsque je me fixe un objectif. Patience n'est pas un mot que j'affectionne lorsque je privilegie l'enjeu.

Cette premiere partie du cote du Cordon del Plata a mis en evidence ce cote de mon caractere. Alors que Fred suivait le plan etabli en gravissant le Cerro Vallecitos le 5eme jour de notre presence, je me suis lance directement dans l'ascension du Cerro del Plata, car je me sentais bien. A posteriori, la decision n'est pas reprehensible et a ete couronnee de succes, mais elle marquait mon impatience a se lancer directement a l'assaut de "gros objectifs", sans forcement la preparation prealable de sommets intermediaires.

Sur le massif de l'Aconcagua, a deux moments au moins, j'ai voulu "forcer", en ne tenant pas de suite compte de la realite de notre "cordee" et des changements climatiques. Le lundi soir, quand Fred etait "cuit", en voulant un moment partir des le lendemain a l'assaut de la montagne, car instinctivement je savais que je pouvais le faire ... mais cela aurait ete au detriment de la cohesion de notre cordee, ce qui est une donnee essentielle en haute montagne.
Le mardi, en montant sur Berlin, alors que le mauvais temps pointait le bout de sont nez a l'horizon, j'ai persiste dans ma volonte a se rapprocher du sommet. Le mauvais temps s'installant mardi soir, je n'aurai pas hesite a rester la plusieurs jours a attendre l'ouverture d'une fenetre meteo dans des conditions dantesques, sans possibilite de recuperation, dans le cas ou j'aurai ete seul. Fred, en voulant descendre, a sans conteste apporte la seule solution viable a ce probleme : se reposer au camp de base, pour etre pret a remonter en cas d'opportunite d'aller au sommet.

Patience, observation/analyse, concertation, voila des valeurs que j'ai apprises au cote de Fred, et qui me serviront je pense dans bien d'autres occasions.

Le gros point positif de cette expedition Aconcagua 2007 a ete mon acclimatation aux conditions de la vie en haute montagne. Elle a ete progressive, mais continue. Le froid, la fatigue, le peu de nourriture que nous imposent les hautes altitudes n'ont ete a aucun moment des facteurs qui ont pu entamer ma confiance a aller de l'avant, a aller au sommet. Les jours qui ont passe n'ont que peu altere mes capacites physiques. Ce qui me fait penser qu'un jour viendra ou j'essaierai d'eprouver ma resistance sur de plus hauts sommets.

Poutoux a tous, a Fred mon compagnon de cordee, essentiel a tout point de vue durant cette expedition, a toutes les personnes qui nous ont supportes, papa, maman, mat, papi, mamie, la famille, les amis et tous les autres.

L'aventure continue ...