Chapitre I

En survolant les lignes de Nazca

  • Présentation
  • 10 juillet - Arrivée à Lima
  • 11 juillet - Lima - Nazca
  • 12 juillet - Nazca
  • Chapitre suivant
  • Samedi 10 juillet

    L'avion se pose finalement à 19 h à l'Aeropuerto de Lima. La nuit est déjà tombée, une épaisse couche de nuages au dessus de la ville tamise les lumières, les sons sortent comme assourdis dans une ambiance opaque. Juste une impression d'atterrir en plein rêve ...
    Avenue de LimaAu sortir de la zone d'embarquement, nous sommes harcelés par les chauffeurs de taxi et les rabatteurs d'hôtels. Après une négociation de courte durée (prix du taxi fixé à 10$), une prétendue agente gouvernementale et son chauffeur nous embarquent pour une pension à Miraflorés, un quartier chic du sud de la ville. Même si tout cela ressemble à une petite arnaque, l'appel d'un vrai lit est trop fort.
    Le voyage est fait d'étonnement et de crainte. On traverse une avenue nommée "Las Vegas" où les néons agressifs décorent des murs délabrés, les gamins des bidonvilles errant au milieu des voitures, le chauffeur de taxi ayant bien pris soin de fermer toutes les portières pour éviter le vol à la tire. Notre espagnol n'a pas l'air si mauvais que cela, le chauffeur nous prend presque pour des castillans. Trop heureux, on essaie de s'informer sur la vie de Lima, principalement les moyens de transport et les habitudes gastronomiques.
    Après de longues avenues qui peu à peu se désertifient, on finit par arriver dans un quartier résidentiel au pied d'une petite maison d'apparence coquette. Nous sommes présentés à la patronne de la pension, qui nous amène dans une chambre de taille moyenne, un carreau cassé en seul défaut. Les 20$ qu'elle nous demande nous semblent un poil prohibitifs, c'est le prix à payer apparemment pour notre tranquillité loin du centre urbain.
    OmnibusAprès installation, nous décidons de profiter du début de soirée pour aller faire un tour dans les environs. A peine descendus dans la rue, nous voilà interpellés par les omnibus, qui par leurs klaxons incessants essaient d'attirer l'attention, véritable concert ambulant sur une route où aucune loi (ni feu, ni stop) ne semble exister, sinon celle du plus hardi au volant.
    Le décalage horaire prenant le pas sur l'excitation de l'arrivée, le lit nous tend ses bras.

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    Dimanche 11 juillet

    Quartier de MiraflorésLe sommeil, même s'il fut bon, est haché par deux réveils intempestifs (3h et 7 h), premières approches de notre acclimatation au temps local. La matinée se passe sur un doux rythme de farniente, entre déjeuner et balade où nous poussons nos pas presque jusqu'au Pacifique.
    Finalement nous levons le camp en début d'après-midi et atterrissons dans ce qui est la plus prestigieuse compagnie de bus du Pérou, Ormeño; et, pour que la transition ne soit pas trop rude, nous choisissons la "Royal Class", autant dire un vrai palais roulant, entre petits fours, magnétoscope et climatisation. Ce n'est pas le transport le plus usité chez les péruviens, à en voir la fréquentation : touristes et locaux argentés.
    Bidonvilles de LimaLa traversée de la ville en direction de Nazca nous amène à l'éclairage du jour une nouvelle vision des faubourgs de Lima: gigantesques et à perte de vue, sales, des garages à même la rue, une misère à peine voilée, bref 13 millions de personnes sur les 24 que compte le Pérou entassées là et survivant à peine dans cette immense poubelle. Au bout de maints kilomètres, ces images se font de plus en plus rares et nous laissons finalement la capitale derrière nous pour, sans transition, aborder le rude désert côtier longeant le Pacifique. Une mamie péruvienne nous montre au fur et à mesure de la progression du bus les anciennes ruines incas dispersées le long de la route.
    Non loin d'Ica, nous voilà secoués dans tous les sens (c'était la dernière fois que nous nous sommes assis au fond), un des amortisseurs fatigués du car ayant fini par lâcher. Alex passa pendant une demi-heure plus de temps la tête au plafond que les fesses sur le siège. Le chauffeur finit par s'arrêter au milieu de nulle part, pour une réparation courte et couronnée de succès. La mécanique en ses lieux perdus doît être plus qu'une seconde vocation.
    La nuit tombant, nous entrons dans Nazca, petite ville enserrée dans un écrin de montagnes; en 15 minutes après la descente du bus, nous voilà fixés sur tout le planning de la soirée et du lendemain; la prise en main par les autochtones est totale, de l'hôtel à la visite des tombes dans le désert en passant par l'incontournable vol en avion au dessus des fameuses lignes, jusqu'au départ du lendemain soir en bus vers Arequipa.
    Un petit tour nous révèle que ce soir la ville ne se couchera pas tôt, la fête locale risquant de se poursuivre tard la nuit dans la discothèque avoisinante.

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    Lundi 12 juillet

    Le sommeil fut profond mais court. A 5h, notre horloge interne nous somma de nous réveiller. La matinée fut, on peut le dire, comblée: après un petit voyage en bus à la découverte d'une nature se désertifiant progressivement, nous partons à la découverte d'un cimetière pré-inca, Désert de Nazca avec ses momies conservées dans des positions foetales; la guide nous explique à son grand désarroi que les subventions manquent pour pouvoir protéger ces extrordinaires vestiges du passé ... C'est ainsi qu'elles sont conservées à ciel ouvert, à la merci des pilleurs qui viennent se servir dans cette immense musée sauvage.
    Momies La suite se compose d'une fabrique artisanale de céramiques, qui, même si elles ne présentent pas d'intérêt exceptionnel hormis dans sa conception, se révèlent être une des non négligeables ressources économiques de la région ... et enfin son musée de l'or, où l'usage à outrance et sans protection du mercure laisse envisager des conditions d'hygiène limites.
    Nous nous laissons tenter par la cuisine locale et bien sûr pimentée, ce qui aura quelques influences sur notre comportement gastrique de la journée.
    Le survol des lignes de Nazca en début d'après-midi est mouvementé dans un tri-place superbement manié par le pilote-guide à 300 mètres du sol.
    Figures (Las Manos) près du mirador Tout cela est fascinant, les figures imposent par leur dimensions et leur géométrie, avec une diversité dans l'espace qui laisse supposer plus que de simples connaissances astrologiques chez les auteurs de ces oeuvres imposantes: le colibri, le cosmonaute, l'arbre, les mains, autant de chefs d'oeuvre tracés à même le sol.
    Le Colibri Nous descendons ravis par les sensations diverses, avant de reprendre la direction du centre-ville pour une visite du marché nocturne.
    Le temps de récupérer nos affaires à l'hôtel, il est près de minuit, et nous voilà à nouveau sur la route dans un bus plein comme un oeuf, appartenant à la compagnie Civa, en direction d'Arequipa; son confort est très loin d'égaler celui d'Ormeño, mais la fréquence des bus passant par Nazca ne nous laisse pas le choix. La nuit risque d'être agitée sur les routes caillouteuses du sud du Pérou.