Chapitre II

Arequipa, l'oasis au milieu des volcans

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  • 13 juillet - Arequipa
  • 14 juillet - Arequipa
  • 15 juillet - Chivay
  • 16 juillet - Canyon de Colca
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  • Mardi 13 juillet

    La nuit fut meilleure que nous l'aurions pensé, ceci étant dû sûrement à notre importante dépense d'énergie de la journée précédente. A 5h, le soleil nous dévoile un paysage lunaire: roches volcaniques, pierres éparses dans un désert où quelques arêtes saillantes surgissent derrière des dômes rouges.
    Le soleil monte progressivement dans le ciel, et le froid saisissant de la nuit laisse place à une chaleur étouffante: nous sommes enfin confrontés à la principale caractéristique climatique des Andes, la grande amplitude des températures journalières (souvent plus de 30 degrés : de -10°C à 0 la nuit, et jusqu'à 25°C en milieu de journée).
    Le Misti Quelques heures plus tard, après une montée lente et progressive, voici Arequipa, ses volcans dont le majestueux Misti à plus de 5800 m d'altitude. Arrivés au terminal de bus, on s'embarque dans un taxi pour la Plaza de Armas où l'on dégotte un hôtel, de quoi se soulager de nos sacs à dos, déjeuner ("desayuno continental"), et effectuer une petite sieste prématurée mais salvatrice.
    La visite de la "ciudad blanca" laisse une impression de propreté, de chaleur et de bien vivre à 2500m d'altitude. Bien que deuxième ville du pays, son centre dégage la douceur d'une grosse bourgade andine, entre petits vendeurs d'étoffe et restaurants typiques.
    La Plaza de Armas Au fur et à mesure de nos pérégrinations, nous tombons sur l'hôtel "Reynal", avec son adorable patronne à la langue si agréablement déliée, sa charmante maman et son thé sucré. Sûr que demain matin pour le petit déjeuner nous allons profiter de cet accueil charmant en changeant de notre actuel grand hôtel bourgeois, dont le voisinage de marteaux-piqueurs matinaux enlève les derniers charmes que l'on pourrait lui trouver.
    Le dîner est encore, et il va falloir s'y habituer, pimenté (généralement, le piment est un ingrédient commun aux différents plats sans que cela soit précisé, et si de plus il est indiqué que le plat est pimenté !!!). Le rythme d'un groupe traditionnel andin fait passer plus agréablement la grosse suée engendrée par la cuisine.
    Le centre ville commerçant est plutôt moderne avec de grands magasins animés, la différence de prix avec la France est environ d'un rapport de 2 (fois moins cher).

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    Mercredi 14 juillet

    Nous changeons d'hôtel dès le petit matin pour emménager au "Reynal" dans une chambre au rez de chaussée.
    Le couvent de Santa Catalina La visite du Couvent de Santa Catalina est très intéressante, véritable petite ville fortifiée au centre d'Arequipa. La guide nous parlant en français, la compréhension s'en trouve améliorée, notamment sur les conditions de vie des soeurs qui n'ont pas toujours été aussi roses qu'aujourd'hui.
    Le couvent de Santa Catalina Le passage au musée municipal est rapide, musée d'un intérêt qui nous échappe un peu. Nous dégustons notre premier poulet-frites, il en appellera sûrement bien d'autres, vu la multitude de petits restaurants consacrés à ce plat unique.
    Nous marchons jusqu'à la colline d'en face pour visiter le Couvent de la Recoleta, où un papi d'une extrême gentillesse réouvre la bibliothèque uniquement pour nous, ses connaissances encyclopédiques étant à la hauteur du trésor littéraire de l'endroit.
    Quelques envolées lyriques plus loin, nous voici de retour sur la Plaza de Armas, où une longue manifestation chante son attachement à la paix et à Fujimori; tout cela est très organisé, encadré par une police bienveillante. Cela change de ce matin, des pneus brûlés par les opposants à Fujimori, qui laissaient présager d'une tension autrement plus forte.
    Manifestation anti-Fujimori Le dîner est ponctué de somptueux "rocoto relleno" (poivron farci de viande avec pomme de terre enrobée de fromage fondu), "palta rellena con pollo" (avocat thon-poulet géant, à se demander si la modification de gènes n'est pas déjà pratique courante au Pérou), et "tallarines con lomo" (pâtes saucées à la viande). Le pas du retour est pesant.

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    Jeudi 15 juillet

    Le réveil se fait à l'eau froide. Le départ pour le canyon de Colca est rapide, le temps de remplir le combi de ses 10 personnes dont le chauffeur et le guide. Nous entamons la longue montée des volcans pour les hauts plateaux. Le paysage se désertifie, les arbres se transforment en broussailles avant de totalement disparaître sous la rocaille. Nous effectuons un petit arrêt pour une dégustation de "mate coca" et un achat de feuilles de coca sensées nous aider à lutter contre les effets pervers de l'altitude.
    Haut plateau Après avoir traversé un long plateau, réserve nationel de lamas, alpacas, et vicuñas, notre ascension du col recommence. La cordillère des Andes se dévoile enfin devant nous, avec ses monts enneigés et vierges. Nous sommes à 4832 mètres, où marcher peut se transformer en calvaire si on n'arrive pas à moduler son effort. Les petites pierres entassées sur le sol ont été posées là par tous les chauffeurs passant par le col, ce gri-gri garantissant une descente sans accident !
    4832 m La vue nous coupe le peu de souffle qu'il nous restait, avant d'attaquer la descente sur le village de Chivay. Après avoir dégusté un steak de lama (bon quoique viande très nerveuse), je visite le marché qui, malgré une petite connotation touristique, est un vrai rendez-vous des agriculteurs et autres tisseurs, afin d'échanger les produits nécessaires à leur vie pas forcément facile.
    Alexandra bloquée au fond du lit par quelques problèmes d'adaptation à l'altitude, je vais faire un saut aux bains d'eau chaude volcanique, plus de 30°C alors que la température ambiante est à peine positive. Le soufre est omniprésent, il colore l'eau et dégage son odeur caractéristique aux alentours.
    Le repas, agrémenté d'un groupe péruvien, nous réchauffe alors que la température extérieure descend tout doucement à plusieurs degrés en dessous de zéro. L'ambiance routarde et internationale est bien sympathique dans ce petit village isolé à 3500 m d'altitude, tout le monde a du mal à rejoindre sa chambre et à affronter la rude et froide nuit qui nous attend.

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    Vendredi 16 juillet

    Départ de Chivay Debouts à 5h30, nous avons juste le temps de se couvrir chaudement et d'avaler quelques tartines avant de partir pour la "Cruz del Condor" en longeant le canyon de Colca, qui à chaque virage gagne en profondeur et en majestuosité. Le chauffeur magnie le combi avec doigté sur le chemin de terre, pendant que la guide nous explique l'origine des cultures en terrasse qui nous font face, de l'autre côté du canyon. Le système d'irrigation remonte à la période Inca, et fait preuve d'une grande ingéniosité malgré l'aspect difficile du relief.
    Début du canyon de Colca L'arrivée à la "Cruz del Condor" est saisissante: à 3800 mètres, les murs du canyon plongent à la verticale sur plus de 1200 mètres. Malgré le monde présent (une douzaine de combis ont déversé leur lot de touristes), le lieu garde toute sa splendeur dans un calme relatif, tout le monde attendant l'envol des prestigieux locataires du lieu, les oiseaux royaux de la cordillère des Andes.
    Vue de la Cruz del Condor Sûrement effrayés par le monde, les condors ne vont montrer le bout de leurs immenses ailes que lorsque la majorité des personnes sera partie, pour notre plus grand bonheur.
    Le Condor Après dégustation d'un "arroz chaufa" (riz garni de viande et légumes), nous rentrons à Arequipa à 17h00. Le dépoussiérage des sacs éprouvés par le voyage sur le toit du combi est fastidieux, le nôtre mérite aussi le détour. Nous essayons de prendre le bus en direction de Cuzco, mais les derniers sont déjà partis en fin d'après-midi.
    Il faut donc à nouveau se loger ce soir, mais la "Reynal" étant plein, les solutions nous manquent. Heureusement, la patrone ayant peur de nous laisser seuls et chargés dans la rue sombre (deux canadiennes que nous avons rencontré durant notre escapade au Canyon de Colca ont été agressées et dépouillées de tout papier deux jours auparavant), nous trouve une place dans l'hôtel d'un ami, Régis, et nous y fait accompagner. Même si la chambre proposée donne sur la rue, elle nous dépannera pour la nuit.

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    Samedi 17 juillet

    Le réveil est tardif (9 heures), cela ressemble presque à une grasse matinée. Le programme de la journée va être lourd, farniente à volonté, linge et cartes postales pour donner un premier signe de vie depuis le départ; autant dire qu'on profite du calme de la ville blanche et on s'acclimate à la douceur relative du climat.
    Malgré ma réticence initiale et pour calmer ma faim, je finis par me laisser tenter par un "res o cordero", autrement dit un cochon d'inde. La viande est insipide, et ne me laissera pas un grand souvenir.
    Vue sur Arequipa Le départ pour Cuzco est à 17h30, le confort sommaire du bus nous laisse présager une nuit torride. Et elle va l'être ... Tout d'abord l'animation est garantie par un magicien vendeur de bonbons, sous fond de retransmission télévisée de la Copa America (Mexique-Chili), ce qui assure une bonne part d'ambiance dans le bus. Les arrêts sont fréquents afin de permettre aux vendeurs ambulants de proposer des remèdes à l'altitude qui ne cesse de croître.
    Les toilettes essaimées le long du parcours sont dignes du Moyen-Âge, les odeurs d'une fosse à purin. La nuit avançant, les routes se dégradent, le bus ressemble de plus en plus à un manège de fête foraine par ses sauts incessants, la température suit un chemin inversement proportionnel à l'altitude.
    Les bonnets, écharpes, toutes les affaires en laine, le sac de couchage, les boules Quiès sont les meilleurs ingrédients à la recherche du sommeil.