15 km/h pour le maillot vert Phnom Penh, Cambodge

14/12/2013

Jeudi 5 décembre : 9h00 de vélo, pour 122km parcourus

Au delà des petites collines qui s'enchainent sur une route parfois poussiéreuse car en travaux, on a la chance de traverser trois éco-systèmes différents :
- la jungle, touffue et impénétrable, et ses nombreux oiseaux qui piaillent gaiement,
- la savane locale avec ses hautes herbes sèches et ses panneaux de signalisation "Attention traversée d'éléphants" (intox, même pas un étron à l'horizon),
- les plaines marécageuses colorées par des nénuphars fuschias, et bordées de cocotiers. Le riz y est cultivé à perte de vue (on est en pleine récolte) et on trouve dans les mares d'eau une poignée de pêcheurs qui lancent leurs filets.

La journée se finit vers 16h : on a le choix entre un hébergement peu onéreux avec une moustiquaire rose pour faire oublier l'odeur de moisi et la possibilité de se faire électrocuter en se douchant, et une case sur pilotis, face à un superbe coucher de soleil ... mais qui forcément fait office de boîte de nuit pour tous les insectes des environs.
On choisit la discothèque et le concert des moustiques.

Vendredi 6 décembre : 5h45 de vélo, pour 90km parcourus

La première partie nous rappelle le Malawi, paysage de savane mais humide avec ses marécages. Les enfants qui partent à l'école nous encouragent avec de nombreux "Hello" ... jusqu'aux plus jeunes qui nous interpellent également en secouant la main, soulevée par leurs parents s'ils n'ont pas encore la force. Dur de ne frustrer personne et de ne pas montrer notre lassitude, on imagine même envoyer préalablement à notre passage des recommandations pour regrouper par paquets de 300 les "Hello" à un seul check point !!!

On appuie une dernière fois sur les pédales pour passer quelques bosses avant de prendre la nationale 4, direction plein sud. A partir de là, vent de dos et ligne droite, on déroule sans forcer. Seule préoccupation : anticiper le passage des poids lourds lancés à toute vitesse avec leurs conteneurs, en se jetant sur le bas côté en terre battue, histoire de ne pas raccourcir davantage nos shorts.

Samedi 7 décembre : 5h00 de vélo, pour 77km parcourus

Sihanoukville (anciennement Kompong Som, « port agréable » en khmer), est le seul port maritime en eau profonde du Cambodge. Voilà l'explication aux nombreux camions-conteneur qui ont "partagé" la route avec nous ces derniers kilomètres. Pour le côté agréable, Sihanoukville est la principale ville balnéaire du pays, avec de grandes plages de sable blanc pour familles khmères bourgeoises et touristes occidentaux en goguette.

On choisit de s'écarter de la ville pour fuir la fièvre du samedi soir et on pose nos vélos à Otres Beach. Une planque pour fumeurs de joints et amateurs de "herb pizzas" ... On loge dans une yourte avec vue sur le ciel, pendant ce temps là le patron de l'auberge construit une auberge en forme de vaisseau spatial, ça tombe bien, la chanteuse du concert en live semble être débarquée de Mars. Attachez vos ceintures, ça va planer grave !

Pour réatterrir, pas besoin d'aller bien loin, à 50 mètres du bord de mer des bidonsvilles en ferraille abritent des travailleurs du bâtiment, et leurs enfants qui recyclent le plastique des poubelles communes, déversées face à l'entrée de leur habitation de fortune. L'activité touristique du lieu attire beaucoup de paysans, mais ne leur garantit pas forcément une vie plus confortable. L'agréable côtoie le pire dans un même lieu.

Mardi 10 décembre : 7h40 de vélo, pour 115km parcourus

Après avoir slalomé entre les chutes de noix de coco pendant deux jours, avoir savouré des barbecues de poisson grillé les pieds dans l'eau, avoir supporté la chaleur ambiante à l'aide de baignades dans une eau translucide à 27 degrés, on reprend la route.

"Putain de chaleur" grogne le Jéjé. Moi bizarrement ça va, je peaufine mon bronzage à coup de crème solaire et blondis ma chevelure :o) pendant que Jéjé transpire et plonge régulièrement la tête dans l'une des glacières de bord de route (où on se ravitaille en eau).

La route est toujours aussi plate, le seul divertissement est d'éviter les monstrueuses vaches qui déambulent ou stagnent sur la chaussée. Difficiles à décrire : la peau d'un cochon, les oreilles d'un lapin, les yeux d'un âne, le ventre d'une laie enceinte, l'hypertension d'un paresseux. Ce midi, pause dans un petit village de pêcheurs, où une mamie nous prépare une soupe de nouilles au crabe, une spécialité ici. Enfin du crabe, on en a eu la saveur et le craquement de la carcasse.

Pas grave, car on va rester deux jours dans la région, à écumer la côte à la recherche des meilleurs endroits pour déguster des crustacés. On atterrira finalement dans le village de Kep, qui avec son crabe au poivre vert de Kampot, nous fera tourner des yeux de bonheur.

Vendredi 13 décembre : 6h30 de vélo, pour 98km parcourus

On décolle à 6h30, dans l'espoir d'arriver assez tôt pour éviter la grosse chaleur du milieu de journée. Et forcément, à voir les locaux porter vestes et pantalons longs, et bonnets en laine, on comprend bien que nous n'avons pas la même notion du froid. Il fait quand même 23 degrés, c'est le seul moment de la journée où Jéjé respire normalement et ne semble pas rechercher l'air comme un poisson hors de l'eau.

Trois fois je fais un écart sur la route : des serpents, qui dès que le soleil sort et le bitume se réchauffe, viennent se poser sur la chausssée. J'évite le premier, gueule après Jéjé sur le second car il ne l'a pas vu et ne m'a pas averti, et contourne largement le troisième, qui se fera dans la foulée écrasé deux fois par le même scooter. Apparemment les serpents ne sont pas en odeur de sainteté, à rapprocher sûrement aux centaines de morts chaque année ici dans les rizières.

A notre passage, un minaret est en train de hurler la énième prière de la journée, on traverse un petit village musulman, ce qui est finalement assez rare, ils sont concentrés sur la côte sud. Le Cambodge c'est 96% de bouddhistes, 2% de musulmans, 1% de chrétien.

Samedi 14 décembre : 6h30 de vélo, pour 93km parcourus

Dernière portion de route vers la capitale, tout aussi plate que les précédentes, mais je peste contre les sections en terre battue, qui nous font descendre notre moyenne horaire en dessous de 15 km/h. Je le mérite bien mon maillot vert depuis une semaine, au vu de notre vitesse moyenne ! La distraction du jour : les motos qui transportent des canards ou poulets vivants, attachés par les pieds à un morceau de bois, au moins 30 volailles sur le porte bagage arrière, presque sans un claquement de becs, trop absorbés qu'ils sont à regarder la route qui les mène au marché du coin(-coin :o)) ... Mieux encore, des paniers en osier cylindriques où sont entassés une dizaine de porcelets.

On se réhabitue à la circulation en arrivant sur Phnom Penh : même si ce n'est pas la furia routière de Bangkok, pas facile de subir à nouveau des comportements individualistes des conducteurs, qui ne respectent que la loi du plus gros véhicule. A la différence des campagnes, les vélos ont été majoritairement remplacés par des mobylettes et des scooters, et les piétons ont disparu (les trottoirs aussi), embarqués dans les tuk tuk. Allez on aura bien d'autres choses pour se consoler ici, sûrement plein de petits restos sympas, des sorties culturelles et des bières fraiches.

Berga & Jéjé

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

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