Le ski de fond pour les nuls Fairbanks, Alaska, Etats-Unis

06/04/2013

J'ai donc l'ambition de descendre à ski la Tanana River, gelée à cette époque de l'année, entre Fairbanks et Nenana ... et plus si affinités. Faut-il encore que je trouve chaussures à mon pied. Je me suis pointé la gueule enfarinée dans un premier magasin de sport pour demander quelques renseignements. Il faut dire que préalablement, la seule info que j'avais récupérée était la traduction de ski de randonnée en anglais, "cross-country skiing". Traduction erronée.

Première tentative : le jeune vendeur m'a amené devant un ensemble de skis bien alignés. Le plus large ne dépassait pas les 3 doigts. "Mais mon brave, comment veux-tu que je tienne en équilibre là-dessus ?". Il m'a alors demandé quelle utilisation je comptais en faire. Je lui ai parlé de la descente d'une rivière, d'un passage dans des régions plus vallonnées, et pour finir de l'ascension d'un sommet. J'ai compris à sa tête que je lui dessinais un caribou à 5 pattes. Il m'a alors mené devant des skis télémarks, en se disant sûrement que vu que cette technique avait été inventée en Europe, alors tous les européens naissaient avec une paire de télémarks au pied.

Quand j'ai eu épuisé sa patience, j'ai changé de magasin, histoire de trouver un nouveau lascar qui m'aiderait à approfondir ma culture "nordique". J'ai débiné la même salade : le vendeur, bien plus expérimenté, m'a orienté rapidement sur des skis style "skating" ... en passant devant son rayon de skis de randonnée qui semblait désespérément vide. Il m'a ajouté qu'il ne fallait pas que je compte utiliser ses skis sur une neige qui ne serait pas bien tassée, ce qui exclue de fait l'ascension du McKinley. J'ai opiné du chef, l'air presque contris. Je ne pipais mot dans ses références et ses explications techniques. Le moment où tout a basculé a été celui où il m'a mis le matériel entre les mains, afin que j'enfile les chaussures et que je les enclenche sur les skis.

Devant mon air nigaud et mon incapacité à résoudre l'équation proposée, il m'a longuement regardé, repris les skis, et a commencé à me prévenir des dangers que l'on pouvait rencontrer en montagne. Il tenait là un imposteur en puissance, l'un de ces gars qui se jette dans la première pente venue, sans en sonder la dangerosité, provoquant une avalanche et finissant la tête la première dans une crevasse. Et dans le même mouvement son matos disparaitrait aussi dans cette crevasse. Quand il m'a raccompagné à la porte, j'ai senti qu'il ne voulait pas me lâcher dans la nature, j'ai même cru un instant qu'il allait me dénoncer à la police, histoire de m'enfermer jusqu'à fin juin pour éviter que je fasse des conneries.

J'ai donc profité de la nuit qui a suivi, et de l'insomnie dûe au décalage horaire, pour farfouiller sur internet et devenir une véritable encyclopédie du ski nordique. Ski classique, skating, randonnée (qui se dit en fait "alpine touring ski"), techniques de glisse, matériel, fartage ... je mettais des mots et des images sur les discussions passées, et me faisais une idée plus claire de ce que je souhaitais : il ne me fallait pas en effet le même matériel pour descendre la Tanana River et pour grimper le McKinley, et donc il fallait que je me familiarise à deux techniques différentes.

Le 3ème essai a été le bon : j'ai décrit au gars de la boutique ce que je souhaitais faire, mon expérience nulle et mon volonté de progresser pas à pas. En moins de 5 minutes j'étais équipé.

Le lendemain matin, me voilà en piste sur la Chena River pour quelques kilomètres d'entraînement : une seule grosse gamelle à déplorer (la glace est dure ...), et des sensations qui viennent assez facilement. Le geste n'est pas très éloigné de celui du roller, et il est vrai que je m'y entraîne au moins une fois par an à l'occasion du raid landais :o). Me voilà donc presque prêt, équipé en nourriture et en matériel pour au moins une semaine, afin de descendre cette satanée rivière.

Pour la petite histoire : les patrons de l'auberge m'ont invité au vernissage de plusieurs galeries d'art. J'ai constaté au bout de la 5ème galerie que le buffet proposé était inversement proportionnel à la qualité des toiles exposées. Il faut donc choisir : être bien repu physiquement ou spirituellement. On a clôturé la soirée par une virée dans le plus vieux pub du centre ville. Ma dernière observation intelligente avant d'aller me coucher : Fairbanks est une ville où sont stationnés plusieurs corps d'armée américains (dans l'attente d'une hypothétique invasion russe), et rien ne différencie un militaire bourré américain qui s'emmerde de son homologue français.

Jéjé

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

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