La baignade des mammifères Resurrection Bay, Alaska, Etats-Unis

07/05/2013

A portée de main de son poêle à bois, histoire de l'alimenter le plus régulièrement possible, Linda m'assure que les prévisions météo nationales ne valent rien ici à Seward. Ce ne sont pas les ingénieurs diplômés des écoles de météo américaines qui savent prévoir le temps d'une bourgade alaskane réputée pour son micro-climat, enveloppée par les montagnes blanches et baignée par les eaux du Pacifique. Du fond de son fauteuil, elle envoie d'une main dédaigneuse tous les matheux du "Lower 48" aller se ballader en maillot de bain sur les plages californiennes. Et puis elle ouvre la porte fenêtre, de sa main libre : "Il fait trop chaud ici, j'ai dû mettre une bûche de trop.". Au moins, il y a une donnée qui met d'accord (presque) tout le monde : pendant ce temps-là, la terre se réchauffe.

Pourtant elles m'ont rarement trompées les prévisions météo depuis que je suis ici. Et puis j'ai envie de me fier à quelque chose, surtout à ce beau temps que l'on annonce pour les jours à venir, avant d'aller naviguer en kayak pour la première fois de ma vie, sur la Resurrection Bay, cette extension du Pacifique. J'ai cédé à la facilité ou j'ai été "raisonnable" suivant le point de vue, je ne serai donc pas tout seul sur le kayak. Je pars demain matin avec deux guides, rien que ça, et un couple de touristes, californiens.

Le lendemain matin, je quitte la maison de Linda, elle qui m'a si gentiment accueilli chez elle. Grande accolade à l'américaine, on se serre sans se toucher, on se tape dans le dos sans claquer et on se souhaite le meilleur sur les 3 générations à venir sans trop y croire. Après cette pause chez Linda, j'ai le corps qui vibre d'une énergie nouvelle. Jay, l'instructeur nautique en chef, nous présente le fonctionnement des kayaks, je serai sur un double place avec Debbie, une guide apprentie. Puis nous explique le principe de "wet exit", ou comment s'extraire du kayak lorsqu'il se retourne et qu'on est attaché à lui par la jupe protectrice. Simple au coup d'oeil ...

Le soleil joue à cache cache avec les nuages, comme ces phoques le font avec nous, apparaissant un coup à gauche, un coup à droite de nos kayaks, ou furtivement sous nos embarcations alors qu'ils glissent comme des torpilles sur le dos. Et il apparaît, enfin, brillant de tout son feu, pour éclairer la masse énorme et ronde d'un lion de mer. Lorsque ce dernier ne sort que sa tête de l'eau, facile de le distinguer d'un phoque si ce n'est par sa corpulence : lui il a des oreilles. Et il est curieux : il reste de longues secondes à nous observer, avant de replonger vers un autre monde.

Le lendemain, l'oeil de Jay est le premier à percevoir le panache de fumée à une distance de 200 mètres : d'autres mammifères, bien plus volumineux, des baleines à bosse, qui vont étrangement faire des rondes autour de nos kayaks. Une mère et son petit, suivi bientôt d'un individu seul, nous dit l'expert. Et les voir souffler des jets d'eau, plonger en eaux profondes en faisant disparaître en dernier leur queue immense ... et enfin bondir hors de l'eau pour s'écraser dans une gerbe géante, c'est un spectacle unique je vous l'assure. Que j'encouragerais tout le monde à aller voir, car même un cliché pris au moment-clé ne saurait retranscrire l'émotion procurée par l'instant.

"On a de la chance" dit Jay. Je ne sais pas jusqu'où ce moment est rare, mais en tout cas ces deux jours en kayak auront été un enchantement de tous les instants. Et moi qui parfois me fous de la gueule de nos amis américains et dans leur propension naturelle à en rajouter dans les superlatifs, je ne suis pas en reste ce coup-ci. Quand je remonte sur mon vélo pour décoller pour de nouveaux cieux, alors que tous les guides de kayak de la compagnie "Adventure 60 North" viennent me souhaiter "bonne chance" pour la suite de mon périple, en me prédisant plein de grands moments à venir, je n'ai de cesse de leur répéter que je viens d'en vivre un, de beau moment.

Jéjé

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

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