Descente en eaux troubles Louang Prabang, Laos

23/09/2013

En arrivant à Nong Khiaw, on est tombé sous le charme de ce petit bourg, un fort potentiel à farniente avec ses hamacs installés en bord de fleuve. On a donc décidé d'y rester le temps nécessaire, tout en ayant en tête que l'accès à notre prochaine destination Louang Prabang pourrait se faire en kayak. On s'est inscrit dans l'agence la plus compétitive du village qui propose 3 jours de kayak avec immersion dans les villages ethniques, puis on a attendu gentiment que d'autres participants se joignent à nous. Après 3 jours d'apéros anisés, nous voilà les pieds dans la vase du fleuve à écouter les consignes de sécurité de Mike, notre guide : "En cas de chute dans l'eau : une main accrochée à la pagaie, l'autre au kayak et vous vous débrouillez pour remonter dessus" ! Un guide "assistant", deux jeunes américaines "prof intérim" et une japonaise "agent du gouvernement" sont à nos côtés pour se lancer dans l'aventure.

Contrairement à notre première sortie, on a des kayak rigides et pas très grands, qui nous demandent quelques heures de pratiques pour comprendre comment optimiser les coups de rame sans se mettre à l'eau. La sensation de suivre le courant tout en traversant la jungle est super agréable car on profite pleinement du calme et de la beauté du lieu. Ce qui change du vélo, c'est qu'on peut facilement papoter (et asperger) avec son coéquipier ou se laisser bercer pas le cliquetis de l'eau. Après la pause déjeuner sur une plage de sable blanc, je demande à Jéjé de basculer à l'arrière histoire de prendre les rênes de l'embarcation et éviter la monotonie. Même si le fleuve est assez tranquille, je me retrouve vite en difficulté, à prendre l'eau régulièrement, en poussant des cris affolés ou insultant le Jéjé qui n'y met pas du sien ... cela sera mon unique essai en tant que pilote ! La journée sur le fleuve se termine par un demi-tour inédit à contre courant pour rejoindre le groupe : le guide s'est rendu compte trop tard que notre village d'accueil était plus près que prévu et vu qu'on avait quelques centaines de mètres d'avance ...

Les pieds sur la terre ferme, on découvre notre hébergement du soir chez l'habitant : une maison faite de bois et de bambou composée d'une grande pièce au rez de chaussée pour la cuisine et le repas (avec frigo, télé et ventilateur depuis l'arrivée de l'électricité) et d'une pièce à l'étage pour dormir. Mike nous donne quelques consignes simples : Les toilettes, c'est le bush (la jungle) ; la douche, c'est le fleuve ! Il ajoute qu'on peut se balader dans le village sous deux conditions : demander la permission pour prendre des photos et ne pas toucher les personnes âgées, susceptibles d'être des shamans grognons. On prend donc de découvrir le mode de vie des habitants, l'agriculture locale (riz et cacahuète) et les jeux improvisés des enfants qui prennent plaisir à se prendre en photos et explosent de rire une fois qu'ils se voient sur l'appareil. Pendant le repas du soir, nos hôtes proposent régulièrement à notre guide du whisky laos et il en abuse un peu ; il suffit de quelques minutes pour qu'un autre villageois parlant anglais-japonais-français profite de l'aubaine et nous embarque chez lui pour partager sa maison (et ses toilettes) et goûter un nouvel alcool de riz fraîchement fermenté en jare, permettant de décupler nos forces pour le kayak du lendemain.

C'est avec une belle gueule de bois et un bonjour presque inaudible que Mike nous précise qu'il y aura quelques rapides aujourd'hui, on sangle davantage nos affaires sur les kayaks et nous revoilà repartis pour 55km sur le fleuve, avec une arrivée prévue assez tôt pour préparer une "cérémonie" avec des villageois. La matinée se passe bien, on profite toujours du calme, salue les pêcheurs, applaudit les enfants qui font des saltos arrière dans l'eau en guise de bienvenue, on vérifie régulièrement si on n'a pas perdu notre guide. Après le déjeuner, Mike insiste pour que les américaines portent gilets de sauvetage et casques, car c'est maintenant qu'on attaque les vrais rapides ! Effectivement, ce n'est pas aussi impressionnant qu'à Louang Namtha, côté hauteur de vague, mais ça secoue assez pour que deux embarcations sur quatre se retournent : la flotte a eu raison de notre guide et ça semble faire du bien à son mal de crâne !

On arrive à destination dans les délais prévus, des toilettes et de l'eau sont mis à disposition, ainsi qu'une table et trois bancs pour patienter les 3 prochaines heures. Jéjé va se planquer au temple pour bouquiner, une américaine bloque sur son iphone, l'autre sur son appareil photo, la japonaise relit son guide du Laos et moi je me transforme en vache qui regarde passer la circulation, arbitre les batailles de poules et salue les habitants qui rentrent de leur journée de labeur. C'est après le repas que débarquent les 5 shamans du village et que commence la fameuse cérémonie autour d'un poulet fraichement tué sous nos yeux, un bol de riz collant et un totem composé de fleurs oranges et de fils de coton. Mike nous explique qu'il s'agit d'un rituel de bienvenue qui consiste, après une séance de chants boudhistes, à nous protéger durant nos voyages par des fils de cotons attachés à nos poignées. En suivant, le big shaman gère la tournée d'alcool de riz, pendant que notre guide assistant gère celle de bière (Mike est parti s'allonger en compagnie de 3 aspirines !), l'ambiance est agréable, ni surfaite ni forcée, on apprécie comme il se doit ce moment d'intimité.

"Pour ce dernier jour, ça être plus court seulement 2h de kayak, assez plat côté courant et on va visiter deux sites : des grottes boudhistes et le village du whisky, on arrivera à Louang Prabang à 14h" nous informe Mike. Effectivement ça passe assez vite, le paysage change sensiblement pour laisser place à quelques falaises majestueuses (surtout vue du kayak !) avant qu'on aille se jeter dans le Mékong, pile devant les fameuses grottes de Tham Ting. Après ces quelques jours passés hors de sentiers battus, la visite des grottes nous replongent dans le circuit touristique. Encore quelques coups de rame pour traverser le fleuve dans sa largeur et visiter le fameux village spécialisé dans la fabrication de l'alcool de riz (Lao whisky) et la vente de tissu ou objets d'arts convoités par les touristes.

Pour comparer avec Ak, notre précédent guide, je ne peux pas dire que j'accorde le même capital de sympathie à Mike. Certes, on le sent plus compétent et il gère bien le business avec les populations ethniques, mais il a vraiment fait le minimum nécessaire sur ces 3 jours et je me suis parfois demandée ce qu'il attendait de nous. C'est pas pour autant que je n'ai pas apprécié l'expérience, bien au contraire, c'est encore plus calme que le vélo, ça avance bien si le courant est suffisant et on visite des villages pas forcément accessibles par la route. Et voilà un nouveau moyen de transport adopté ;o) !

Berga

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

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