Sur le chemin du sommet du monde (1) Manjo, Népal

22/10/2013

Partie 1 - De Jiri à Manjo

Je découvre le Népal d'abord à travers les fenêtres du bus qui nous conduit à Jiri : la banlieue de Katmandou et ses rivières-décharge, des népalais en habits et maquillages hauts en couleur pour célébrer Dasain (fête familliale) ; des balançoires géantes en bambou, pour les grands et les petits ; quelques carcasses de bus en fond de ravin pour rappeler la prudence aux chauffeurs...

L'homme qui va rythmer nos journées, c'est Kaji Sherpa, guide depuis 40 ans et ami de Jéjé. Il parle anglais comme un yak chinois, il chante "Allouette je te plumerai" et prie "O mani penerum" jour et nuit, il débarrasse le sentier de tout objet gênant par un jeté de bâton exceptionnel, il échange quelques mots avec tout le monde, de préférence les femmes, il nous bichonne, nourrit et surveille 24h/24h, sa devise : "If you are happy, I'm happy" et pour toute question, une réponse unique et parfois ambigüe "no problem".

On attaque la première partie du trek qui se fait sur 5/6 jours, peu fréquentée par les touristes qui préfèrent arriver directement à Lukla en petits avions (c'est ce qu'on a prévu pour rentrer à Kathmandou ...). Pour nous, c'est le meilleur moyen de découvir et s'immerger dans la culture et les traditions de la région du Khumbu, accessible seulement par la marche à pied.

Très vite, grâce à l'aisance de Kaji, on est introduit dans les maisons des habitants pour y prendre le traditionnel Milk tea (parfois salé car au beurre de yak !!!), assis autour d'une cuisinière de terre cuite où tout le monde profite de cette unique source de chaleur, surtout les chats ! La vaisselle est soigneusement rangée sur les étagères après être lavée au point d'eau du coin, la viande sèche est suspendue au plafond, chaque ingrédient a sa place dans un bocal de verre ... Hormis le dal bhaat (plat composé en 3 parties : riz, soupe de lentilles, pommes de terre et légumes épicés), que l'on a décidé de prendre à chaque déjeuner car il est servi à volonté, on découvre au fil des jours de la nourriture différente selon les lieux traversés : bananes, fromage, pommes et poires, popcorn et popsoja, pommes de terres épicées, samosas, churros népalais.

Les habitants ont adapté leur culture en terrasse en fonction de l'altitude : d'abord le riz et le thé, puis l'orge et le maïs, et plus haut les pommes de terre et les courges. Ce sont surtout les femmes qui gèrent l'agriculture, ainsi que les petits commerces ou les lodges (auberge-hôtel) car la plupart des hommes travaillent pour les trekkings la moitié de l'année. Quelque soit le sexe, la solitude ou la dureté du portage les poussent à boire beaucoup - Rakshi (alcool de millet), bière ou rhum local. C'est un vrai problème que connaît le pays ... Les enfants aussi ont leurs activités, ils travaillent dès leur plus jeunes âge à la récolte du bois, au gardiennage de troupeaux de vaches ou de chèvres, à l'approvionnement d'eau pour la famille.

Nos hébergements sont simples mais efficaces. Les lodges nous offrent de la chaleur pour la soirée et des couvertures pour la nuit. La salle principale est toujours aménagée de la même façon : des banquettes contre les murs, les tables en forme de U et au centre un poêle à bois. Un espace de vie chaleureux qui permet de voir tous les occupants et favorisent les rencontres entre touristes essentiellement car la coutume veut que guides et porteurs mangent en cuisine.

Très rapidement, je me rends bien compte que notre parcours a quelque chose de particulier, on taille notre route à travers une multitude de vallées, tel un yoyo, on passe des cols et on redescend pour traverser des ponts suspendus (plus ou moins bien entretenus, parfois longs ou assez hauts) et on remonte ! D'après mes calculs notre dénivelé moyen journalier est de + 1077m et - 555m, de quoi s'acclimater en douceur pour notre objectif du trek : le belvédère du Gokyo Ri à plus de 5300 mètres. Les chemins empruntés traversent quelques villages, bordent des monastères (à la grande joie de notre ami Kaji), s'enfoncent dans des forêts brumeuses ou slaloment à travers les cultures en terrasse. Parfois à flanc de falaise taillés dans la roche, d'autres fois bien aménagés pour pouvoir croiser des convois de mules et de porteurs qui alimentent en provision les différentes vallées. D'autres rencontres sont plus inattendues : des groupes de militants qui supportent leur candidat aux futures élections législatives, munis d'un mégaphone, des drapeaux des partis et de leurs pieds pour prêcher la bonne parole vallée après vallée.

Plus on se rapproche de Namche Bazar et de la haute montagne, plus les chemins sont fréquentés soit par des touristes en solo souvent en couple, soit par de gros groupes qui viennent faire le camp de base de l'Everest (5350m), le pic Island (6100m) ou le pic Mera (6200m), sommets faciles mais qui nécessitent davantage de porteurs (hommes, mules ou yaks). Depuis le développement accru du tourisme de randonnée, la législation a réglementé le poids maximal de charge à 25kg pour les porteurs rattachés à une agence d'expédition... mais pour les autres porteurs, on observe des charges incroyables : 60l d'eau, une demi carcasse de yark, des caisses de sodas empillées, le contenu d'un magasin de montagne ...

Maintenant nous arrivons au dessus de 3500 mètres d'altitude, c'est le monde la haute montagne, le sujet de la prochaine nouvelle ...

Berga

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

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