Larkya North Peak - 6047m Bhimtang, Népal

19/11/2013

Il paraît que c'est en faisant de la haute montagne qu'on apprend à se connaître vraiment, quand notre confort est réduit au minimum, que les conditions sont extrêmes, et que l'effort est intense sous l'altitude qui grandit ...
Je sais déjà que le froid est mon ennemi numéro, où que je sois. Et il est encore plus intense, omniprésent sur les camps de base où tout est différent : nuits en tente à plus de 4000m, pas de point d'eau pour se laver, pas de wc isolé, manger souvent la même nourriture sur un tapis de sol ou dans la tente, pas de source de chaleur où se réfugier. Il y a aussi le mal des montagnes qui peut transformer une ascension en véritable difficulté si l'acclimatation a été trop rapide. C'est tout cet univers que je découvre et que j'apprivoise chaque jour un peu plus !!! La veille, Suman nous débriefe sur le programme de la journée : 8h de montée minimum, 6h de descente, des cailloux ou plaques de roches instables, beaucoup de neige, 1100m de dénivelé, baudrier et crampon obligatoires ... "Ce n'est pas un pic facile". Je ne réalise pas ce qui va être compliqué, alors je ne m'inquiète pas vraiment et puis je me sens bien en forme et bien acclimatée.

On est réveillé à 2h du matin par "Hello, good morning" de Sameer qui nous tend du thé chaud pour nous faire sortir de nos duvets. Il fait près de -10°C dans la tente, j'ouvre les yeux et aperçois des milliers de cristaux de gel sur la toile intérieure. Quand je me lève pour attraper la tasse, les petits glaçons formés autour de l'ouverture de mon sac de couchage par la chaleur de ma respiration finissent de me réveiller et me propulsent en dehors du lit. Après avoir enfilé toutes les couches de vêtements nécessaires pour affronter ce froid nocturne (t-shirt, haut et bas polaire, petite polaire, veste et pantalon goretex, bonnet, gants, grosses chaussures et guêtres), je retrouve le groupe pour prendre un copieux porridge et un expresso népalais sorti d'une cafetière italienne, s'il vous plait !

La première partie de l'ascension se fait de nuit sous un ciel d'étoiles lumineuses et magiques, si je n'avais pas les mains gelées, je pourrais presque toucher la voie lactée du bout des doigts ! A force d'applaudir les étoiles pour me réchauffer, Suman craque et me donne des chaufferettes, le calme revient sur la montagne. Ca grimpe vite mais sans difficulté, on emprunte les traces faites par notre guide le jour d'avant. Alors que le soleil commence à envoyer des couleurs féériques pour nous encourager et nous rassurer sur le temps de la journée, la neige laisse place aux rochers, mes pas sont plus hésitants, moins réguliers. Et puis le terrain évolue en un tapis d'ardoises empilées sur une pente assez abrupte ; au début c'est assez flippant, je glisse sans arrêt et j'ai l'impression que je vais descendre tout droit au camp de base une ardoise sous chaque pied !!! Mais ça passe en douceur et la progression continue.

Au bout de 5h de marche, sous un soleil généreux, on fait une pause pour enfiler crampons et baudriers car il y a plus de 50cm de neige et des passages assez raides au dessus de nos têtes. A partir de là, le groupe est partagé en deux cordées ordonnées : Suman - Berga - Steph et Sameer - Alex - Jéjé. Positionnée derrière Suman, et peu habituée à être encordée, je fais au mieux pour suivre son rythme qui me paraît sacrément cadencé ! Mon boulot, c'est éviter de marcher sur la corde avec les crampons ; changer de main piolet et bâton les rares fois où on fait un virage (la tendance est plutôt en ligne droite montante sur une pente de 45° !!!), conforter les premières traces faites par Suman. Heureusement qu'il est attentif et réactif car l'exercice n'est pas facile, il est parfois obligé de me tirer quand la marche est trop haute ou qu'il y a trop de neige. La dernière heure de grimpe n'en finit pas, à chaque fois que je lève les yeux, je ne vois qu'un mur blanc, pas de sommet à l'horizon alors je regarde derrière à la recherche de la cordée de Jéjé, on a un peu d'avance sur eux, mais on sera bientôt tous là haut.

A 12h15, on profite du 360° qui s'offre à nous, au nord le Tibet, au sud le Manaslu et le Larkya Peak, à l'est les Annapurnas, à l'ouest le Ganesh Himal. Le panorama est tout simplement époustouflant, grandiose, si immense que je me sens lilliputienne au milieu de ce décor ! Mais le jour avance, le froid nous saisit peu à peu, et il faut encore gérer l'effort sur la descente, où deux changements s'opèrent. Changement de cordée car Sameer subit le mal des montagnes, il est devant moi, Jéjé nous assure à l'arrière. La descente dans la neige me semble une éternité, on essaie de maintenir Sameer debout, on le coache pour qu'il garde le cap et on le félicite quand il avance de quelques mètres ! Changement de chemin à mi parcours : le raccourci en pente raide dans les rochers nous fait gagner du temps, certes, mais on y laisse tous des bouts de fesses, de genou, de coudes !!! On arrivera au camp à la tombée de la nuit, un peu avant 18h. Grosse journée, très heureuse de l'avoir fait et d'avoir eu Suman sur ma cordée : c'était quand même du haut de gamme pour un premier 6000m !!!

Berga

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

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