Face aux éléments Villa Pehuenia, Argentine

23/01/2014

Climat tempéré à très chaud (Neuquen -> Cutral Co, 117km en 7h49)

C'est ici, forcément, que l'expression "perdu en pleine pampa" prend tout son sens : des longues lignes droites interminables (dont une de 28km !), un manque total de relief, un désert de végétation basse, le tout sans la moindre âme qui vive, les seuls mouvements qui nous rappellent la civilisation sont les bras des puits à pétrole qui pompent sans relâche au fin fond de la terre.
Après avoir évité de justesse l'alerte canicule à Buenos Aires, on sent qu'ici aussi le soleil peut taper très fort, alors on profite volontiers des nuages sur les 80 premiers kilomètres, tout comme des klaxons d'encouragement, des pouces levés, des gens qui nous demandent notre parcours.
Et puis le soleil sort de son lit, on souffre pendant les 27 derniers km, on multiplie les pauses, on rationne l'eau avant de s'engouffrer dans un des rares hôtels non complets, où la patronne s'active dans tous les sens car une tornade est annoncée en fin de journée.
Là je me dis qu'on a quand même eu trois situations climatiques en un seul jour ... drôle de temps quand même, ça promet !

Vent calme à force 5 (Cutral Co -> Zapala, 90km en 9h11)

Bonne nuit de sommeil, petit déj complet, on est sort de Cutral Co confiant pour attaquer 15 km de faux plat montant sous un ciel dégagé. Une fois arrivé en haut, un vent démoniaque nous cueille de face et ne nous laissera plus de répit de la journée, on estime 60 km/h en moyenne avec des pointes à 80 km/h. Du coup, on avance à peine 8 km/h sur le plat, et pourtant on pousse comme des fous sur les pédales et on crame de l'énergie. A 50km, on repère la seule "épicerie" de la route, on avale 1,5l de boisson gazeuse citronnée, des alfejors (des gâteaux au sucre glace et dulce de leche), avant que les généreux patrons nous indiquent la route à venir et nous offrent des empenadas. La journée n'en finit pas, on s'accroche sur les 25 km suivants en s'alimentant et s'hydratant de plus en plus souvent pour enfin arriver à Zapala et ramper vers son camping municipal abrité par quelques arbres !
Ca y est, je peux dire que j'ai pédalé avec un vent de face assez agressif pendant 9h ! Seule frustration, j'ai l'impression qu'on est les seuls à avoir remarqué qu'il y avait du vent aujourd'hui, les autres vacanciers argentins nous questionnent sur notre journée à vélo et focalisent sur la chaleur ... chose qu'on n'a même pas remarqué !

Force 7 (Zapala -> Villa Pehuenia, dont 51km à vélo pour 6h53, et 65km en compagnie d'Alejandro)

Pour une reprise à vélo après un break de 3 semaines et les fêtes de fin d'année, on est un peu usé physiquement, alors on s'accorde une journée de repos à Zapala : grasse mat', petites tâches ménagères, grignotage, lavage ... En descendant en ville pour tester les fameux "heladeros" (cornets ou pots de glace monstrueux) et faire quelques courses, on apprend que la météo argentine a émis un avis d'alerte : vents très violents attendus dans la région de Zapala (pourquoi ils étaient comment jusqu'à maintenant ???), 120 km/h en rafales qui viennent de l'ouest, et ce pour 2 jours encore ... hummm, ils ont décidé de nous faire peur ou quoi ???
C'est donc bien reposé et alimenté qu'on prend la direction de l'ouest et de Primeros Pinos, une station de ski et un objectif de 50km sur la journée, ce qui nous semble accessible malgré les conditions météos annoncées.
On attaque donc notre marathon contre Eole, à raison de 8km/h en moyenne sur les premières heures, le vent est fort mais on avance doucement. On fait quelques pauses pour admirer la beauté des lieux et la grandeur du ciel ; à part quelques rares descentes, on contourne les premiers petits volcans, ça monte en continu dans une pente douce entourée de cet éternel paysage désertique de pampa où des vaches et des chevaux nous scrutent d'un drôle d'oeil. Mais la dernière montée vers Primeros Piños est terrible. 5km sur le vélo avec un vent très violent (rafales interminables à plus de 100 km/h) qui nous oblige à zigzaguer avant de nous sortir de la route ! On finit par pousser nos vélos sur 5km car c'est impossible de pédaler et dans tous les cas on va à 4km/h ! On croise un patagon avec son béret et un sac de bois sur le dos, il est arcbouté contre le vent pour essayer de rejoindre sa vieille Renault. Il arrête Jéjé pour lui dire qu'une moto vient de se faire retourner par le vent un peu plus haut sur la piste, et nous dit de faire attention. "Suerte !" il ajoute.
On arrive enfin à Primeros Piños et alors qu'on cherche désespérément un endroit abrité pour poser la tente, ce que Jéjé finit par trouver derrière le mur d'une auberge fermée, Alejandro et sa jeep jaune apparaissent comme un mirage au milieu du désert et nous proposent de nous embarquer jusqu'à Villa Pehuenia (initialement notre étape du lendemain, 65 km plus loin). Au vu des conditions climatiques des jours suivants, pas meilleures, et du passage de cols où on risque de se faire encore plus chahuter, on jette les vélos à l'arrière de la jeep et on monte aux côtés du chauffeur. A travers les vitres du tacot, on apprécie de ne pas avoir à passer le col sous le ciel menaçant, on aperçoit des Mapuche (ethnie locale) dans de petites vallées vertes, on découvre un paysage lunaire battu par des tornades de poussière qui s'infiltrent à l'intérieur même de l'habitacle !!!
Là, arrivée à Villa Pehuenia, vous n'imaginez même pas mon soulagement d'avoir échappé à cette étape à vélo qui au vu des conditions aurait usé mon physique et mon mental après à peine 3 jours de vélo ... Car la Patagonie va me réserver bien d'autres aventures, il faut juste qu'elle laisse le temps de m'aguerrir ... ou pas :o)

Berga

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

Votre dernier message

, le 08/09/2023


Tous les messages