Drôle d'Australe Puerto Cisnes, Chili

19/02/2014

Trevelin -> Futaleufu (51km pour 4h12)
Après San Carlos de Bariloche, Colonia Suiza et El Bolson, on a suffisamment fait le tour des lieux touristiques argentins où les babas cool ont refait le monde 1000 fois pour avoir envie de fuir vers le Chili et se lancer vers l'aventure "sportive" qu'est la Carretera Austral. Et puis mon genou va bien mieux, merci d'ailleurs pour vos encouragements !
Raoul, l'espagnol et son vélo 100% recyclé rencontré la veille au camping, nous rappelle la liste des produits illicites (surtout les produits frais) et nous donne deux-trois astuces pour passer à l'as certaines denrées. Le premier contrôle douanier (côté argentin) n'est que formalité et coups de tampon sur nos passeports ; pourtant un fonctionnaire, qui nous avait laissé passer sans rien dire, trop occupé à lire son journal, sort en courant de son bureau et nous demande de passer tous nos sacs aux rayons X, mauvaise humeur ou coup de bluff pour avoir quelque chose à raconter aux collègues, toujours est-il qu'on est les seuls à bénéficier de ce traitement de faveur !!! Le second poste de douane (côté chilien) n'est pas équipé de rayons X et c'est une fouille manuelle et minutieuse de l'agent qui désignera comme coupable un malheureux oignon oublié au fond du sac de nourriture, sans toute fois détecter le miel caché dans la trousse de toilette.
Futaleufu, son lac, son aéroport et ses nombreux campings peuvent désormais nous accueillir en toute sécurité ! Pour couper la routine de notre hébergement en tente et mettre un peu de piment dans nos empenadas, on choisit le camping le moins cher de la ville et sa population de routards fauchés. L'objectif, réussir à faire rentrer notre tente parmi les 10 autres déjà installées sur les 90m2 d'espace alloué !

Futaleufu -> Puerto Ramirez (51km pour 4h17)
C'est décidé, en ce jour de Saint Valentin, le plus beau cadeau que je puisse faire à Jéjé, c'est d'être "linda", gentille quoi. Une forte montée, un ripio sadique, une température annoncée à 27°C ... grrrr allez, je me concentre pour pas lâcher mes plaintes et insultes habituelles, en plus je me rend compte que j'avale beaucoup moins de poussière, l'un dans l'autre c'est pas plus mal pour tout le monde !
Pour la pause déjeuner, au coeur de cette vallée réputée pour les activités en eaux vives (LE meilleur spot du pays), on se dégotte une petite plage de galets ombragée par un saule pleureur avec une eau turquoise à souhait, endroit idéal pour prolonger la pause par une petite sieste. Pour l'hébergement, j'essaye bien d'influencer le Jéjé pour trouver une petite chambre, histoire de couper court à 15 nuits de camping et 4 en auberge de jeunesse, mais ce grand romantique a autre chose en tête : un camping sauvage en bord de fleuve ! Et il a tout prévu : la toilette dans le cours d'eau, un moment détente sur l'herbe verte et grasse, le cheval échappé qui vient s'abreuver sous nos yeux, les grosses mouches qui tournent comme des satellites autour de nos têtes pendant le dîner et même le chien qui menace de nous mordre les mollets pendant notre séance cinéma sous la tente ... il doit être agacé par le son de notre petit ordi.

Puerto Ramirez -> Villa Vanguardia (68km pour 6h35)
Ca y est, c'est aujourd'hui qu'on atteint la fameuse, l'unique, la légendaire Carretera Austral !
Et ben pour tout vous dire, je prends peur dès l'intersection ! Je comprends vite qu'en fait elle est réputée pour son absence de tout : très peu d'épiceries mais des produits onéreux (3€ les deux tomates!), pas de camping ou d'hôtel, pas de restaurant, pas de boulangerie, pas de station service ... Les "villages" traversés ont un nombre d'habitants compris en 30 et 80 personnes, à visto de naz et au vu des maisons car on voit pas grand monde dans les rues, c'est comme si c'était abandonné. Peut être parce que les habitants travaillent tous à la rénovation sans fin de la route nationale 7.
Du coup, c'est reparti pour une nuit en camping sauvage, on cherche un moment l'endroit adéquat, non clôturé, pas trop près du bord de la route où les camions secouent la poussière non stop, pas trop loin d'un ruisseau pour la toilette et le stock d'eau pour le repas. Sur les hauteurs de la route, on squatte un ancien chantier de débardeurs (petite pensée à mon papounet !) où une cabane de chantier et des toilettes aménagées ont été laissées à l'abandon. Le site est agréable avec plein d'herbe, tellement agréable qu'on aura la visite de deux cochons qui essaieront de manger nos nouilles et reviendront régulièrement à la charge toute la nuit... Je me demande quelles hormones dégage le Jéjé pour attirer autant ces bestioles ...

Villa Vanguardia -> La Junta (36km pour 3h43)
L'avis de tous les cyclistes rencontrés est unanime, on est au coeur d'une des parties les plus difficiles de la Carretera, tant le ripio y est de mauvaise qualité. Déjà que les jours précédents ne m'ont pas séduite, je me demande bien ce qui m'attend aujourd'hui. J'ai l'impression d'être la seule à trouver ça difficile, à souffrir des secousses, à mettre autant d'énergie et de concentration pour trouver le meilleur chemin, éviter les gros cailloux et les nids de poule, ne pas m'enfoncer dans les zones de galets ou de tôles, écouter et surveiller les voitures pour éviter de finir sur leur capot, ne pas pouvoir regarder le paysage ou même attraper mon bidon d'eau sans glisser, déraper ou chuter ...
C'est dans ces moments là que je me dis "Mais qu'est-ce que je fous là non d'un chien ! Comment on peut aimer voyager dans ces conditions, sans prendre le moindre plaisir ?". C'est dans ces moments là que le Jéjé intervient avec tout son optimisme et sa bonne humeur : "Mais ce n'est qu'un mauvais moment à passer mon bébé, il y a pire dans la vie, je suis sûr que tu va finir par aimer ça". Mouais, je n'aimais déjà pas le VTT avant de venir ici, c'est pas le ripio que va me faire changer d'avis... D'un autre côté, c'est certain que dans quelques mois, les fesses assises confortablement dans un fauteuil, je regretterai de ne pas avoir davantage profité de ce moment fou mais quand même exceptionnel. Bref, il me faut du temps, ça mûrit lentement dans ma tête mais j'essaie de prendre la vie comme elle vient, encore et encore ...

La Junta -> Ventisquero Colgante (69km pour 5h48)
C'est totalement inattendu pour moi de dénicher un village aussi développé et agréable sur cette route ! L'histoire de Puyuhuapi remonte à 1935. Un industriel allemand décide d'envoyer des hommes en Patagonie qui à ce moment-là offre des terres à qui voudra bien les cultiver. Trois hommes y répondent, un ingénieur passionné d'agriculture, un spécialiste de la construction de bateaux et un technicien du textile qui met en place une usine de tapis pour occuper les femmes de Chiloé qui avaient suivi leurs maris venus travailler le bois à Puyuhuapi. Il a fallu défricher pour s'installer ici et, jusqu'en 1982, on ne pouvait y venir qu'en bateau. Le village de Puyuhuapi est d'ailleurs le seul au bord de l'eau sur la Carretera Austral. C'est aujourd'hui un mix entre une petite ville de bord de mer et un village suisse, beaucoup d'hébergements et de commerces ont fleuri un peu partout, il y a même des thermes de luxe en bord de fjord.
Après une douce pause déjeuner, bercé par le bruit des vagues, on reprend le vélo pour atteindre le parc national Queulat où un glacier suspendu rend le site incontournable. Faute de choix, on pose la tente dans le camping le plus roots du pays, une clairière tout juste débarrassée des principaux arbres pour permettre aux jeunes chiliens de poser tant bien que mal leurs tentes si l'auto stop est en berne. On n'aura pas d'eau avant 20h, pas d'électricité, mais un abri pour notre tente qui nous évitera la pluie annoncée pour la nuit.

Ventisquero Colgante -> Puerto Cisnes (69km pour 5h57)
Au réveil, le temps ne s'améliore pas, on voit à peine les montagnes, on annule la sortie touristique vers le glacier, et je pousse le Jéjé à partir sous la pluie car il est à deux doigts de se recoucher et d'attendre que le soleil revienne ! On avale gentiment un col de 500m de dénivelé après 10km de montée. L'état de la route est bon et je me surprends à prendre plaisir dans la montée et ça fait du bien.
Après 8 jours de vélo non stop, on s'offre une étape repos 3 étoiles à Puerto Cisnes : une vraie chambre avec un grand lit, des restaurants poissons-frites-mayo, des glaces au goûter, des siestes, une sortie canoë kayak ... Hummm, un vrai break de tranquillité et détente, de vraies vacances pendant les vacances :o)

Berga

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

Sur la carte ...

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