Des vacances Uyuni & Illimani, Bolivie

29/05/2014

Pour notre première séparation en 10 mois, Jéjé m'accompagne à la gare de bus en me tenant vigoureusement la main, il me donnant les dernières recommandations pour ma visite du Salar de Uyuni. De son côté il se lance à l'ascencion de l'Illimani (6438m) avec deux autres compères.

SAMEDI

4h15 - Ca sent la vinasse et le vomi dans la rue, quelques ivrognes chantent à tue-tête, on se croirait à la fermeture d'une bodega dacquoise une aube de 15 août. Berga est déjà loin sur la route d'Uyuni, Mathieu et Benoit, ma cordée pour l'Illimani, sont ponctuels et fringuants : dans les rues sombres de La Paz, on se met tous les 3 trois à la recherche du "colectivo" qui nous amènera au village de Pinaya, au pied de la montagne. Après une demi-heure d'aller-retour dans des ruelles en pente, de mauvais aiguillage en indications foireuses, on finit par atterrir sur une vieille mamie assise en bord de trottoir. Elle soulève son chapeau en feutre et nous lâche que le mini-bus vient de partir pour Pinaya du trottoir d'en face, il y a deux minutes environ. On choisit la manière forte : réveiller un autre chauffeur et lui réquisitionner son combi à coups de bolivianos.

7h30 - En me lançant dans la prospection des agences, j'apprends que le sud du Salar d'Uyuni est totalement inaccessible suite à la tempête de neige qui a sévi toute la nuit. Dommage pour la Laguna Verde, les geysers et les sources d'eaux chaudes ! Je choisis quand même le tour sur 3 jours / 2 nuits, et me voilà embarquée dans un 4*4 entourée de 3 allemandes, un couple d'anglais et de Ruddy, notre guide-chauffeur-cuisinier.

7h40 - Dans un canyon menant à Pinaya, l'eau a débordé de son lit pendant la nuit. Cela fait deux jours qu'il pleut abondamment en vallée (et qu'il neige en montagne). Tous dehors, le conducteur creuse la terre molle sous les roues du combi pour le sortir de l'ornière où il s'est mis. On pousse le véhicule pendant qu'il fait rugir le moteur, ou on fait contre-poids à l'arrière quand les roues patinent en montée. Les pieds dans la boue, on s'échauffe en vue de notre prochaine ascension.

14h30 - Ca y est, je suis en plein Salar, sur une plaque de sel qui parfois n'atteint pas 10cm et où quelques trous laissent apparaître l'eau qui dort sous mes pieds. Des petites pyramides de sel poussent comme des champignons sur cette magnifique étendue blanche et cristalline. Elles seront bientôt récupérées par les camions plateaux avant d'être traitées et consommées. Mais le sel n'est pas seulement utilisé comme assaisonnement, il peut également se transfomer en briques, utilisé pour construire des hôtels ou des édifices, tel que celui du Dakar.

17h15 - Premier soir un peu timide entre les touristes des trois 4*4 de l'agence : une bande de 5 jeunes anglo-australiens, un couple de belge, un couple d'américain, une hollandaise et un anglais. Couchée à 20h, je récupère enfin de ma nuit de bus !

18h30 - On a installé la tente sur un grand plateau, avec vue à 360°. A l'est, le massif tellement massif de l'Illimani et son sommet sud, rosi par les feux du soleil couchant, qui nous surplombe de 2000 mètres. A l'ouest, les lumières de la Paz irradient l'horizon. Au dessus de nous, un concert d'étoiles s'élève. Un guide local nous a prévenu il y a quelques heures : "Faites attention à votre matériel, il y a des voleurs qui habitent la vallée d'à côté et parfois viennent pendant la nuit pour faucher tout ce qu'ils trouvent". Les méchants font toujours partie du village d'à côté. On s'endort sur nos deux oreilles, après avoir ficelé au mieux nos paquetages et installé nos pièges à loups.

DIMANCHE

9h00 - On se lève, au son des moutons et des lamas. Les loups se sont servis dans une autre bergerie. Rien d'urgent aujourd'hui, on n'a que 1000 mètres à gravir pour installer notre camp sous l'arête finale du sommet. La neige qui hier encore recouvrait tout le pâturage disparaît peu à peu alors que le soleil monte. Chocolat au lait, muesli, pain, dulce de leche, petit déjeuner tout en calories en profitant de la chaleur des rayons.

11h00 - Les guides nous proposent une petite randonnée au pied du Volcan Tupuna (5430m) avant de rependre la traversée du Salar. Un peu plus tard, posée sur un rocher du volcan, je les laisse seuls continuer leur ascension dangereuse dans des pierres instables. Ils ne sont pas préoccupés par la majorité des touristes abandonnés loin en bas, et comptent bien monter le plus haut possible. Ils réapparaîtront deux heures après, non sans s'être perdus dans des raccourcis douteux. L'avantage, c'est que ça nous a permis de faire connaisance plus amplement, et de profiter pleinement de la vue sur le salar d'Uyuni et du temps magnifique !

14h00 - Alors qu'on chante Abba version espagnole tous en coeur dans le 4*4, Ruddy prend un cul-de-sac en essayant de sortir du village. Une marche arrière sur un carrefour, où arrive un autre 4*4 de villageois qui partent au travail, des chauffeurs qui ne regardent pas où il faut et c'est le crash ! Une heure de négociations et de disputes auront raison de notre chauffeur qui se fait embarquer vers le village d'Uyuni pour régler l'accident à l'amiable avec l'argent de l'agence. Du coup, un touriste s'improvise chauffeur pour qu'on puisse rendre visite aux cactus de l'île Incahuyna.

15h00 - Avec mes 24 kg sur le dos, je suis franchement lent dans la montée, loin derrière mes deux compères. Un papi de 64 ans qui en portait autant sur la montée jusqu'au camp haut croise ma route dans sa redescente. "T'aurais dû prendre un porteur pour te soulager !". "T'as raison" je lui dis, "je m'épuise pour rien". "Il reste beaucoup jusqu'au camp haut ?" je lui demande. "Un 1/4 d'heure sur cette arête rocheuse" il me dit. "Essaie de repérer la trace dans les rochers, car c'est raide. Mais t'aidant des mains tu passeras même avec ton poids". "Ok merci. Et pour l'ascension du sommet, c'est quoi les nouvelles des cordées des jours derniers ?" je rajoute. "Personne n'est allé au sommet ses jours, trop de neige est tombée, beaucoup de vent aussi, les conditions ne sont pas bonnes. Allez courage, t'es presque arrivé".

22h45 - Ce soir, pour s'immerger davantage dans le décor local, un hôtel de sel nous accueille. L'ambiance se réchauffe d'heure en heure et les jeun's comptent bien mettre le feu (ben ouais, en fait je suis la plus vieille du groupe !). Bilan de de la soirée : 56 canettes de bières, 7 bouteilles de vin, 23 chansons trouvées, deux nouveaux amoureux d'un soir et un jaloux grognon, 9 gueules de bois au petit matin. Je suis restée sage, ça doit être l'âge !

LUNDI

3h00 - Le réveil de Benoit sonne. Je ne vais pas monter. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi, mais je ne le sens pas. Des tas de mauvaises raisons me viennent à l'esprit : manque de motivation, pas bien remis de l'effort d'hier, l'avertissement du vieux porteur sur les conditions de neige, cette neige tombée en abondance, suivie d'un jour de fort vent, et puis d'un net réchauffement : une petite alerte dans ma tête, qui me dit que la couche neigeuse n'est pas stable. Je laisse partir Benoit et Mathieu, ils sont motivés, premier 6000 (ou presque) pour les deux, je comprends leur détermination. Pour vivre son rêve, il faut savoir parfois ignorer les vents contraires.

11h15 - Mathieu et Benoit rentrent, précédés de peu d'un guide et son client. Tous ont été au sommet. Génial ! Je les félicite, content de leur réussite. Ils sont un peu sur la retenue. Dans la dernière descente, à 100 mètres devant mes deux compagnons, le guide et son client ont été emportés par une avalanche, sur une centaine de mètres. Une plaque de neige qui a cédé sous leur poids. La coulée s'est stoppée à trois mètres d'une crevasse de plusieurs dizaines de mètres de profond. Tout le monde est un peu sous le choc. Du coup on se repose tranquillement, on démonte le camp et on descend par l'arête. Toujours ces dalles et ces roches pourries à désescalader, on fait attention pour trois.

17h30 - Au village de Pinaya, qu'on a quitté il y a un peu plus de de deux jours, on plante notre tente près de la place principale, entre les merdes de vache et celles de mouton. Normalement un transport public en direction de La Paz passera demain dans la matinée, mes deux loustics s'écroulent comme des masses, je regarde les étoiles, toujours aussi belles. Je me dis qu'il va falloir quand même que je revienne ici, ce n'est pas forcément une envie irrépressible à la népalaise, mais une envie qui me dit qu'il y a encore assez de cordillères à découvrir ici pour revenir un jour m'éclater avec quelques potes motivés.

20h - Ce troisième jour est assez éprouvant, près de 250km de piste en 4*4, pour admirer le volcan Ollague et ses fumeroles, les lacs Caniapa et Hedionda et enfin traverser la vallée des Roches. Le temps d'une douche à Uyuni et je me jette dans le premier bus pour rejoindre La Paz. A petit budget, petit service : pas de lumière, pas de pause pipi, une fenêtre qui ne ferme pas... Il ne me reste plus qu'à lutter contre le vent et le gel bien emmitouflée dans mon duvet, en espérant trouver un brin de sommeil d'ici mon arrivée.

MARDI

12h00 - Le transport public ne fonctionne finalement pas dans le village de Pinaya, car aujourd'hui est un jour de fête des mères. La vérité bolivienne d'un jour n'est souvent pas celle de la veille, encore moins celle du lendemain. Du coup l'heure est aux réunions familiales et aux festivités. On descend 1h par une petite route jusqu'au village de Estancia Una, dans l'espoir d'arriver à convaincre un des chauffeurs du syndicat de minibus de nous ramener à La Paz. Ce qui est vite fait, les billets Bolivianos montrent encore toute leur force de persuasion. Le chauffeur nous explique qu'il doit finir un repas familial, ensuite il nous ramènera. On en profite pour se faire inviter à la fête des mères du village, des chants, des danses et des célébrations en l'honneur des mamans du comté. L'instant est simple, dénué de fard, agréable. On partage l'almuerzo avec les gens du village, on se retient d'arroser de bières tout l'orchestre de cuivres, avant de sauter dans notre transport.

16h45 - Je retrouve Berga à la porte de l'hôtel. J'étais à deux doigts d'enguirlander le réceptionniste, car je ne retrouvais pas notre sac de voyage laissé en consigne. C'était ma blonde qui m'avait précédé et l'avait embarqué. On se serre, on se dit qu'on a des tas de choses à se raconter et plein de photos à se montrer. C'est chouette les retrouvailles, un peu comme si on se partageait nos vacances respectives :o)

Berga & Jéjé

Pris sur le vif

Déjà parcouru

     1186 km      17053 km
     168 km      232 km
     6342 m (6)


Où sommes nous ?


Date : 13/08/2014
Lieu : Saugnac et Cambran, France
Déplacement : Repos
Direction :

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