Terres Bohèmes

Bienvenue en Thaïlande, le pays du sourire. Enfin des sourires, on n'a pas attendu d'être ici pour en voir et en donner. Et puis contrairement au Laos, presque personne ne nous dit bonjour du bord de la route. A peine on voit de temps en temps un pouce de cammionneur se dresser pour nous féliciter, ou un appareil photo sortir d'un pick-up pour nous immortaliser. La dèche du roulard !

Pour le reste, on se croirait revenu en Chine : routes de deux fois trois voies, circulation dense, villes qui s'étalent sur des kilomètres, commerces et centres commerciaux en veux-tu en voilà. Nous ce qu'on cherche, c'est un endroit paisible sous les cocotiers, pour s'abriter du soleil et passer notre temps à compter les crabes et les bigorneaux. En attendant de trouver notre paradis, on fait une pause sur le bord du Mékong, à somnoler dans le jardin magnifique d'une guesthouse. Pension complète à 9 euros par jour et par personne, en incluant les extras nocturnes avec les autres convives ... si affinités.

On finit par s'arracher, lassé de trop bien manger et des parties de poker menteur. Et puis ici, le Mékong est trop marron pour qu'on voie ses pieds au travers de l'eau. Cap au sud, direction la ville d'Udon Thani, au bout d'une ligne droite et plate de 80 km. Vu qu'il y a 500 km de plus pour rejoindre Bangkok, sans l'ombre d'une côte ni d'un arbre, on décide d'accélérer le temps en sautant dans un bus pour le sud.

On nous débarque à la nuit tombée au nord de Bangkok, on réenfourche nos vélos et on s'introduit dans la capitale sous une pluie diluvienne. Les artères principales se sont transformées en rivières (ou rizières) de mousson. On inonde les 4 étages de l'hôtel en montant les sacs dans notre chambre spartiate. Le purgatoire en attendant mieux. A peine séchés, on met la main sur une carte de la région : les palmiers et les crabes les plus proches sont sur la côte du sud-est, à 300 km d'ici. Il faudra trois jours de vélo sous un soleil brûlant. Avec un passage dans les rues de Pattaya, la Marbella thaïlandaise. Où la plupart des panneaux sont traduits en russe, une relation sûrement avec les vieux monsieurs de l'ex-empire soviétique qui déambulent sur la croisette locale, ventre apparent et bedonnant, souvent accompagnés par des beautés qui n'ont rien de slave.

On pousse les pédales un peu plus fort. Et enfin on est baffé par des embrunts salés : vive les moules grillées, les crevettes grises et flasques, les écrevisses roses frétillantes, les crabes bruns en colère, et les poissons écailleux. Vive l'eau à 28°, même si on ne voit toujours pas nos pieds, l'eau étant cette fois-ci d'un vert flou ... toujours mieux que le marron opaque du Mékong. Vive la basse saison touristique, qui fait que l'on est presque seul à compter les grains de sable blanc sous les palmiers.

De bière en poisson grillé, nous voilà arrivés au 12 octobre, à deux doigts de basculer dans un nouveau monde, faits de montagnes enneigées et de sherpas agiles. Décollage demain pour Kathmandou. Pour un mois et demi de randonnée et de grimpe au Népal, vous trouverez plus d'informations sur les régions que nous allons traverser et les sommets que nous comptons gravir sur ce lien. Pendant cette période, la mise à jour du site sera moins régulière.

Quant à nos vélos ... après presque 4000 km entre Pékin et Bangkok, ils restent en vacances ici à Ban Phe, ils vont profiter de la mer et du sel pour rouiller en notre absence, on les retrouvera à compter de fin novembre, pour un graissage en règle et un nouveau départ pour des aventures vélocipédiques au Cambodge.

En attendant, profitez bien de cet automne flamboyant, on se retrouve à la Sainte Catherine !

Berga & Jéjé